Quand posséder devient un fardeau

Je croyais que posséder me sécurisait. En réalité, ça m’alourdissait. Ce crash que je n’ai pas choisi m’a obligé à tout revoir. Et j’ai enfin compris ce que ça voulait dire, vivre léger.
Il y a quelques mois, ma vie a crashé.
Un vrai blue screen.
Pas une panne légère. Pas une erreur système que tu corriges en redémarrant.
Un plantage brutal.
Tu connais le genre : tout s’arrête, t’as plus la main, t’as plus rien qui répond… et t’as pas d’autre choix que de faire un hard reset. Et quand je dis reset, je parle pas d’une phase de réinvention cool à la mode “nouveau départ” — non, je parle de la version sale, imposée, brutale. Celle qui te fait mal.
Et le plus fou, c’est que moi, d’habitude, j’adore les hard resets.
Je suis le premier à reformater mes ordis. J’efface tout, je réinstalle, je repars de zéro. J’aime cette sensation de clarté, de minimalisme, de vitesse retrouvée.
Mais là… c’était pas moi qui choisissais. C’était pas volontaire. Et surtout, ça touchait pas mes fichiers. Ça touchait ma vie.
Et pourtant, même dans ce bordel, il y a eu une lumière.
Un truc que j’ai compris.
Une évidence que j’avais peut-être toujours sentie, mais que j’avais jamais vraiment intégré :
Tout ce que je possédais… me possédait aussi.
Trois valises. Et encore.
Aujourd’hui, ma vie tient dans trois valises. Des grosses valises de soute.
Et franchement, je suis persuadé qu’avec deux, ça suffirait.
Quand tout a pété, j’ai tout balancé dans un garage. L’ancien appart, la déco, les objets, les souvenirs, les “au cas où”. Tout ce qu’on accumule sans trop se rendre compte.
Et ce garage, plus je le regardais, plus il me donnait une sensation de vertige.
Comme si j’avais matérialisé toute la charge mentale que je portais depuis des années.
Et puis j’ai atterri dans un studio.
Une chambre, une salle de bain, un coin cuisine. Un petit espace, bien plus restreint que ce que je visais à l’époque — parce qu’à ce moment-là, j’étais dans un schéma de vie de couple, avec les projections classiques : acheter une maison, fonder une famille, agrandir, stocker, posséder.
Mais au fond… ce studio, c’était exactement ce dont j’avais besoin.
Je veux prendre un instant pour remercier profondément les personnes qui m’ont accueilli à ce moment-là.
Celles qui m’ont offert ce cocon.
Celles qui m’ont fait confiance alors que j’étais tout sauf stable, motivé ou lumineux.
Elles se reconnaîtront si elles lisent ces lignes, et je veux qu’elles sachent que je leur dois un morceau de mon redémarrage.
Ce studio, il est dans un coin calme, au milieu des bois.
Et tu sais quoi ?
Ce calme, cette solitude, elle m’a mis face à moi-même.
Ça m’a d’abord un peu plombé, j’vais pas mentir.
Mais ensuite, ça m’a permis de me recentrer.
De comprendre que ce que je croyais essentiel ne l’était pas.
Et que tout ce que je gardais par habitude, par confort ou par peur, était juste… un fardeau.
Les déménagements, le brol, et l’illusion d’espace
Il y a une époque, avec mon pote Tim, je crois qu’on passait un week-end sur deux à faire des déménagements.
Jeunes, moins jeunes, couples, familles… on a tout vu.
Et ce qu’on voyait partout, c’était la même chose :
Du brol. Du bordel. Des tonnes de trucs inutiles. Des caves pleines à craquer. Des greniers qu’on n’ouvrait plus depuis dix ans.
Et à chaque fois, c’était le même sentiment : “Mais pourquoi vous gardez tout ça ?!”
Tellement de trucs qu’on utilisera plus jamais, mais qu’on garde “au cas où”, qu’on garde “parce que ça a coûté cher”, ou “parce qu’un jour, peut-être”.
À cette époque-là, je commençais à peine à m’installer.
Et je ne réalisais pas que j’étais en train de reproduire exactement le même schéma.
Parce qu’en fait, plus t’as d’espace, plus tu stockes.
C’est comme une loi naturelle.
Tu remplis. Tu entasses. Tu t’alourdis. Lentement. Sans t’en rendre compte.
Et puis un jour… tu réalises que tu vis dans un musée de ton passé.
Et là, tu te demandes sérieusement ce que t’es en train de faire.
Optimiser ≠ tout jeter
Faut que je sois clair sur un truc : je ne suis pas un minimaliste dogmatique.
Je garde des objets. Mais uniquement s’ils ont un sens. Une fonction. Une utilité.
Et parfois… une valeur émotionnelle réelle.
Ma voiture, par exemple.
C’est une Seat Leon break. Ouais, la voiture de papa par excellence.
Mais elle est pratique. Fiable. Fonctionnelle.
Je fous mon matos de kite dedans, je pars quand je veux, je me pose pas mille questions.
Et surtout, cette bagnole…
Elle m’a permis de me reconstruire.
Elle m’a rendu mobile, libre, autonome.
Elle a accompagné un redémarrage important.
Alors oui, je suis attaché à elle.
Et c’est OK.
Même Marie Kondo le dit : si un objet te fait vibrer, le fait de le garder est légitime.
Cette voiture me fait vibrer.
Elle me rappelle ce moment où j’ai recommencé à avancer.
Je ne la garde pas “au cas où”. Je la garde parce qu’elle fait partie de mon chemin.
Cela dit, un jour, j’aimerais bien optimiser ça aussi.
Une Tesla Model 3, par exemple.
Pas pour faire le malin.
Mais parce que moins d’entretien, zéro essence, full efficacité, ça me parle.
Et puis entre nous, si un jour ce blog me permet de vivre, peut-être que je me l’offrirai.
Ou peut-être que quelqu’un me la prêtera pour que je la teste en conditions réelles.
(Je suis dispo, Tesla. Juste au cas où.)
Jacuzzi, sauna, piscine… et pourquoi ça me fatigue rien que d’y penser
Je ne veux pas d’une maison 4 façades avec piscine, jacuzzi, sauna, jardin et terrain de pétanque.
Pas parce que j’en aurais pas les moyens un jour.
Mais parce que tout ça, c’est de l’entretien.
Une piscine, faut la nettoyer.
Un jacuzzi, faut des produits.
Un sauna, faut surveiller.
Un jardin, faut le tondre. Ou payer quelqu’un pour le faire.
Et plus t’as de trucs, plus t’as de responsabilités, plus t’as de trucs à réparer.
Tu te crées tes propres contraintes.
Tu transformes ton rêve en checklist.
Et moi, j’ai pas envie de vivre dans un tableau Excel.
L’optimisation, c’est pas de l’ordre. C’est de la liberté.
J’ai pas une obsession de l’ordre.
De l’extérieur, je donne même parfois l’impression d’être bordélique.
Mais en réalité, chaque chose a une place.
Je déteste chercher mes affaires.
Je déteste faire deux fois les mêmes gestes.
Je déteste faire quelque chose que je pourrais automatiser ou optimiser.
Les gens me disent souvent que je compartimente ma vie. Et c’est vrai.
J’ai une logique très claire de “chaque objet = une fonction = un endroit”.
Le reste, ça dégage.
C’est pas de la rigueur.
C’est de l’espace mental.
C’est de la charge mentale en moins.
Et dans ma tête, ça circule mieux comme ça.
Des philosophies, pas des dogmes
Je m’inspire de plusieurs courants, mais je les applique pas au pied de la lettre.
👉 L’essentialisme m’a appris à garder ce qui compte vraiment.
C’est pas “moins pour moins”. C’est moins pour mieux.
Moins de bruit. Moins de dispersion. Plus d’impact.
👉 Le FIRE, c’est cette idée que tu fais des choix pour retrouver ta liberté, pas pour suivre un modèle.
Je veux pas arrêter de bosser. J’adore bosser. Mais je veux pouvoir bosser sur mes projets, avec mon rythme, mon setup, ma géographie.
👉 Le stoïcisme moderne, c’est ce truc de te détacher de tout ce qui dépend pas de toi.
D’être stable dans le chaos. Et franchement, ça m’aide.
Je me fous de l’image. Je veux des choses qui tournent.
👉 Et l’agilité, c’est ce mindset que j’ai appliqué partout dans ma vie.
Tester. Ajuster. Itérer. Supprimer ce qui bloque.
Vivre en version bêta perpétuelle.
Et c’est une liberté immense.
Mon rêve, c’est pas un palace. C’est une chambre d’hôtel bien pensée.
Tu veux savoir ce qui me ferait kiffer aujourd’hui ?
Une chambre.
Un lit.
Un bureau.
Une douche.
Un endroit simple, épuré, fonctionnel.
Un espace où tout est à sa place.
Un setup que je peux dupliquer dans plein de villes, dans plein de pays.
Parce qu’en fait, je crois que je veux pouvoir appeler plusieurs endroits “chez moi”.
Pas une maison figée.
Pas une localisation qui m’enferme.
Je veux du mouvement, sans perdre mes repères.
Et ça, c’est pas une fuite. C’est une vision.
Foyer ≠ maison
Je crois que j’ai une définition du mot “foyer” qui est différente de celle que beaucoup de gens ont.
Pour moi, un foyer, c’est pas des murs.
C’est pas une maison 4 façades.
C’est pas une adresse fixe.
Un foyer, c’est avec qui tu partages l’endroit où tu es.
C’est l’énergie que tu construis avec des gens. Des vrais. Des proches. Des alliances fortes.
Un foyer peut être mobile.
Un foyer peut vivre dans une chambre d’hôtel.
Un foyer peut tenir dans un van.
Un foyer, ça circule.
Je veux une vie qui circule
Pas une vie qui s’entasse.
Pas une vie figée.
Pas une vie dictée par le contenu d’un garage ou le crédit sur 25 ans.
Je veux une vie fluide.
Je veux des objets qui tournent, des outils qui m’aident, des relations qui me nourrissent.
Et le reste, je le laisse.
Et toi, c’est quoi que tu traînes encore ?
Je sais que c’est pas le chemin de tout le monde.
Mais si t’es encore là, en train de lire, c’est peut-être qu’il y a un truc qui résonne.
Alors juste, demande-toi :
Qu’est-ce que tu possèdes qui, en vrai… te possède toi ?
Qu’est-ce que tu gardes qui t’alourdit ?
Qu’est-ce que tu pourrais lâcher pour avancer plus léger ?
On croit souvent qu’avoir, c’est être.
Mais parfois, c’est quand tu lâches que tu te retrouves.
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